La révolution de la moto turbo

14 février 2022 - Il y a quelque chose de particulier qui caractérise les années 80. Derrière le masque gris de la vie d'entreprise, l'esprit déchaîné de la culture pop atteignait de nouveaux sommets. Tout devait être audacieux, rapide, se propulsant dans le futur.

C'était le temps de l'expérimentation, et pour les motos en particulier, les turbocompresseurs sont apparus pour défier le statu quo. Comme si le danger d'être sur deux roues ne suffisait pas, Honda, Yamaha, Suzuki et Kawasaki se sont tous lancés dans une course pour créer la parfaite machine à tuer, tout en offrant l'une des expériences de conduite les plus exaltantes de l'époque.

Naissance

La première à revendiquer la guerre des HP a été la Z1R-TC de Kawasaki en 1978, lorsqu'un concessionnaire Kawasaki en quête de sensations fortes a décidé de prendre les modèles Z1R excédentaires qui traînaient et de les équiper d'un compresseur Turbo Pak.

En gros, une moto déjà dangereuse a été transformée en une bombe à retardement. Naturellement, aucune garantie n'accompagnait l'achat et il fallait même la présence d'un témoin pour signer le contrat.

En regardant son réservoir d'essence en forme de cercueil, rien ne pouvait mieux convenir à ce que la TC réservait au motard de tous les jours. Elle était finalement destinée à être dépassée par les modèles à venir, mais sa rareté aujourd'hui en fait toujours une moto de collection recherchée.

Révolution

Place aux adversaires : la Honda CX500 Turbo, la Yamaha XJ650 Seca Turbo, la Suzuki XN85 Turbo et la Kawasaki GPZ750 Turbo.

Dans le coin rouge, nous avons la Honda CX500T. Elle crie années 80 avec son cadre en bloc et ses couleurs vives. C'est une nette amélioration par rapport à la TC : ici, nous voyons un bicylindre en V refroidi par eau, la première moto Honda de série à disposer d'une injection de carburant programmée, ainsi que de nombreuses modifications à sécurité intégrée qui lui ont permis de se distinguer sur la route.

Dans le coin bleu, la Yamaha XJ650 Seca Turbo, qui a plus de tout, sauf le refroidissement liquide : cylindres, déplacement, surface des soupapes, double échappement. La puissance est répartie, et avec deux fois plus de pistons, on obtient une moto plus fiable pour le conducteur moyen. La Honda est aux amateurs de sensations fortes ce que la Yamaha est aux hommes d'affaires, je suppose.

Et si l'amateur de sensations fortes rencontrait l'homme d'affaires et décidait de créer quelque chose pour répondre à leurs besoins respectifs ? D'une certaine manière, vous obtiendriez la Suzuki XN85T, avec son cadre de course lisse, son guidon à pince et sa roue avant de 16 pouces. Elle rugit sur les petites routes sans être trop vive. Bien sûr, il y a un certain décalage du turbo, mais vous ne vous envolerez pas dans l'espace quand il se déclenchera.

Si vous vous sentez particulièrement prêt à voyager dans l'espace, il y a la Kawasaki GPZ750 Turbo. Cette fois, ils ont eu le bon sens de renforcer la boîte de vitesses et de modifier le moteur pour qu'il puisse gérer son potentiel stupéfiant de 200 chevaux. Pour l'époque, c'était la moto turbo la plus rapide et la plus ambitieuse jamais fabriquée.

Renaissance

Pour les amoureux de l'innovation, le bon temps ne devait pas durer. Avec le boycott par les assurances State Farm de 29 modèles de motos à la fin des années 80, il était clair que ces démons fluorescents ne seraient pas largement acceptés sur la route.

Certains diront que cette technologie n'était pas faite pour perdurer, mais la résurgence de motos superchargées plus raffinées, comme la Kawasaki H2, prouve le contraire.

Les motos turbo étaient en avance sur leur temps, et maintenant que la technologie les rattrape, leur avenir n'en est que plus prometteur. Comme le Terminator, les motos turbo ont promis qu'elles reviendraient... Espérons qu'elles sont là pour rester.