Ce que tout motocycliste doit savoir sur la liberté

25 février 2022 - La moto permet de se sentir libre. Du moins, c'est ce que les représentants de concessionnaires vous diront pour vous faire acheter quelque chose. S'il y a un réel besoin de faire marcher les affaires - comme un besoin de panique et de faillite - les entreprises vous diront même que la liberté est le motocyclisme.

Elles diront :

La liberté, c'est être assis sur deux roues, c'est avoir du feu et du métal entre les jambes, et sentir le vent dans les cheveux.

Vous savez, cette réponse de vendeur.

Et nous sommes en fait enclins à la croire, après avoir nous-mêmes fait l'expérience de la moto. C'est parce qu'on ne nous vend pas un produit, mais un style de vie et, dans de nombreux cas, un sentiment d'autonomie qui nous permet de nous évader de notre travail quotidien. Quand on nous dit que la liberté c'est la moto, on nous dit essentiellement que la liberté peut être obtenue par la moto, qu'elle peut être achetée comme n'importe quel autre produit sur le marché.

Après tout, comment reprocher à quiconque de vouloir participer à l'expérience de la moto ? Sur deux roues, tout est possible : on se sent vivant, lucide, en paix, dans son élément, en harmonie avec les éléments. Les entreprises ont compris ce désir fondamental et font tout ce qu'elles peuvent pour vous convaincre que la liberté n'est pas gratuite, qu'elle est consommable, à portée de main, pour autant que vous soyez prêt à signer ici et là...

Le pacte

Un pacte est signé. Vous donnez une partie de votre argent durement gagné, mais vous obtenez le monde en retour. Certains diront que c'est une sacrée bonne affaire, et que l'argent n'est rien en comparaison des possibilités qui vous sont maintenant offertes. Mais comment se satisfaire d'une définition aussi bancale de la liberté ? C'est-à-dire, la liberté comme une marchandise, comme un sentiment acheté ?

La liberté n'a-t-elle pas quelque chose de plus ? N'est-il pas cohérent de penser que le sentiment de liberté, comme tout sentiment, se dissipe avec le temps ? L'adrénaline et la joie pure de l'évasion par la moto ne sont pas liées à ce contrat particulier ; vos expériences futures ne sont jamais garanties de vous procurer les mêmes sentiments de libération qu'autrefois.

À une époque plus axée sur l'immédiateté, sur le besoin et l'obtention rapide des choses, sur la livraison des produits avec le moindre délai ; nous attendons que les choses se plient à notre volonté. Un produit doit faire ce que nous voulons qu'il fasse, et nous y avons droit parce que nous l'avons payé. Mais que se passe-t-il lorsque cette fonction est psychologique, et non purement pratique ? Pouvons-nous vraiment avoir droit à la liberté et à la joie à travers un produit, de la même manière que nous attendons qu'il fonctionne comme prévu ?

C'est là que se trouve le paradoxe, les points de suspension, pour ainsi dire. Si nous courons toujours après notre propre queue, en espérant romantiquement que les produits que nous achetons nous combleront émotionnellement, nous omettons un sens de la compréhension qui pourrait s'avérer efficace dans la lutte contre l'aspect fugace de notre propre désir.

Le sentiment

Plus vous connaissez de choses, plus vous posez de questions... Et plus vous êtes chiant à convaincre en tant que consommateur. La publicité se nourrit de caprices, de décisions prises au pif, pour disparaître rapidement lorsqu'elle n'a plus d'utilité ; lorsqu'elle ne répond plus à vos besoins ou lorsqu'elle y parvient.

Ici, il faut s'arrêter et se poser des questions : Pourquoi la moto me procure-t-elle un sentiment de liberté ? Ces raisons sont-elles simplement frivoles et cosmétiques, ou sont-elles liées à une perspective plus profonde ? Nous savons qu'il est fréquent d'acheter une moto pour la revendre quelque temps après, lorsque le plaisir diminue et que le danger potentiel du sport fait pencher la balance en sa faveur.

Ce qu'il faut retenir, c'est qu'un sentiment de liberté qui découle de la compréhension et de l'interrogation fera finalement plus pour notre plaisir de rouler. Si nous savons pourquoi nos expériences en moto doivent être valorisées en tant qu'individus et pas seulement en tant que consommateurs, nous sortons du cadre, et les sentiments forts de joie et de liberté sont d'autant plus susceptibles de nous accompagner sur la route, au lieu de s'estomper après quelques balades.

La vérité

Il existe une vérité sur le motocyclisme et la liberté qui est plus complète que celle que l'on voit affichée sur les murs des concessionnaires. Une vérité qui n'apparaît pas en grosses lettres orange.

La liberté n'est pas une chose, un produit ou un sentiment qui se vend. Ce n'est pas quelque chose de tangible, quelque chose que l'on peut trouver entre deux roues ou au bout d'un arc-en-ciel. La liberté est une prise de conscience des conditions dans lesquelles la captivité est ressentie, et inévitablement, une rébellion qui cherche à s'épanouir en dehors de ces conditions.

Alors, qu'est-ce que cela signifie pour nous, les motards ? Puisque nous nous sommes laissés aller à la philosophie, nous pouvons nous référer à ce livre (Zen and the Art of Motorcycle Maintenance). Pour paraphraser, Pirsig a vu que sur une moto, le cadre disparait. On est dans la scène, et on ne se contente plus de la regarder simplement. Le sentiment de présence est accablant. Ce cadre, cette limite de l'existence quotidienne, est ce à quoi se rapporte la liberté. Chaque personne trouvera la liberté en surmontant les obstacles dans sa propre vie.

Vous ne rentrerez pas cette définition sur un panneau d'affichage, et c'est probablement pour cela qu'elle a une certaine signification. Sortez du cadre, vous trouverez la liberté de l'autre côté.