
Le vintage brille au Salon de la moto à Montréal
De nombreuses nouvelles motos ont été exposées au Salon de la moto à Montréal cette année, mais ce sont les spécialistes de la customisation avec leurs machines historiques qui ont volé la vedette.
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13 mars 2023 — Pour plusieurs, les événements hivernaux de motos sont un mythe. À Montréal, on dit que lorsque le froid s'installe, la saison est en suspens. Sauf que le Salon de la moto, qui se tient chaque année à la fin février, nous rappelle que ce n'est pas toujours le cas. C'est vrai, les 2 dernières années ont été plus rudes que les autres, et de tels événements ont été gelés, pour ainsi dire. Mais les vents chauds de 2023 sont enfin arrivés, et nous avons eu le vertige de franchir à nouveau les portes palatiales de notre expo locale préférée.

Un point fort de l'expo : le simulateur de moto de course.
Nous avons été accueillis par la toute dernière technologie, avec des milliers de personnes présentes pour admirer des rangées et des rangées de motos enduro, cruiser, sport, cross et électriques. Le tout semblait impressionnant, avec Honda et Harley-Davidson qui dominaient la zone centrale de l'exposition. Malgré le fait que les nouvelles motos attiraient l'attention, un manque apparent de distinction entre les modèles semblait prévaloir. Toutefois, dans les coins les plus reculés de la salle, quelque chose de tout à fait différent se distinguait du reste.
Des motos de collection personnalisées étaient également exposées, certaines destinées à la course, d'autres à l'esthétique. Une zone entière, baptisée « Hangar 17 », regroupait une variété d'ateliers, de cafés, d'artistes et de magazines, le tout sous l'égide d'une esthétique old-school, mais indéniablement revisitée. Nous avons donc décidé d'examiner certains de ces projets passionnés, et nous avons été agréablement surpris par la découverte d'une communauté florissante de motards qui attachent une grande importance à la simplicité et à l'accessibilité.
Le plaisir des courses d'époque | VRRA
Près d'une cafétéria rudimentaire située en retrait de l'entrée, un modeste stand a d'abord attiré notre curiosité. Plusieurs motos japonaises d'époque s'y trouvaient à l'arrêt, en file unique, avec des numéros et des bandes de course peints. Sur une table voisine, nous avons remarqué l'acronyme VRRA, également connu sous le nom « Vintage Road Racing Association », basé en Ontario. Fondée en 1980, la VRRA est la plus ancienne organisation de courses classiques en Amérique du Nord, connue pour son désir de préserver les motos historiques tout en maintenant vivante leur tradition de course. La méthode est simple : une course compétitive est divisée en périodes historiques allant de l'époque classique pré-60 jusqu'aux années 90.
Alors que nous admirions ces vestiges de l'histoire, nous avons été accueillis par Mathieu Chartrand, un coureur qui était là pour faire du bénévolat en présentant quelques-unes de ses motos anciennes : une Honda CB 175 K0 de 1968 et une Honda CB77 Super Hawk de 1964. « Ce ne sont pas des motos qui iront avec des journées de drag ordinaires. Avec ma CB77 j’ai un max de 30 chevaux, donc c’est sûr que pendant la course, je me ramasse toujours avec les plus lents. Ça a l'air de rien, mais je suis assez vite en courbe », dit-il.

Mathieu Chartrand à côté de sa '64 Super Hawk numéro 184, et derrière lui, sa '68 CB 175 K0 numéro 181.
Pilote de motos vintage depuis 10 ans, mais mordu de moto depuis longtemps, la passion de Chartrand de tout ce qui roule sur deux roues était manifeste pendant la courte conversation que nous avons eue avec lui. « J’ai commencé avec une KZ650, ma deuxième moto était une CB750. Ensuite j’ai eu une ZR7, une CB360, une BMW K100. Au quotidien, je roule avec une SV1000, donc je roule moderne. Mais pour courser, c’est vintage », affirme-t-il avec ardeur.
D'où est venue la décision de courir sur des motos que l'on voit souvent derrière la vitrine d'un collectionneur ?
Ma première moto était vintage. J’ai commencé avec un KZ650 et j’ai adoré ça. J’ai adoré travailler sur mes motos, je trouve que travailler sur une moto et un moteur c’est très zen, très relaxant. Ça me prend plus de temps de changer 2 bougies sur ma SV1000 que d’enlever le moteur de ma CB77. Il y a le côté aussi qu’une moto vintage ne fait pas tout bien. Quand tu arrives dans une courbe il faut que tu penses à comment tu vas la prendre, tu vois que ça ne freine pas de la même manière. Il y a aussi un côté au niveau de la performance pure, ma CB77 fait 30 chevaux 150 km/h. Il y a quelque chose de rassurant à ne pas aller à 300 km/h. Mais le danger reste, j’ai eu des accidents ; si tu fais de la course tu vas faire des chutes.
À un moment donné, il y a une quinzaine d’années, je suis passé au Salon de la moto. J’ai vu qu’il y avait des courses de moto vintage qui existaient. J’ai parlé à Claude Aubry sans savoir c'était qui, des années après je l’ai rencontré sur la piste. Je me suis dis que c’est quelque chose que je veux faire dans ma vie. Faire de la course de moto, mais pourquoi pas les motos vintage ? Je me suis engagé dans le processus et avant 40 ans j’ai pris la décision. À 43 ans, je suis embarqué sur la piste pour la première fois ; je n'avais jamais couru avant. Là je suis rendu à 53 ans et c’est ma 10ème année et j’ai bien l’intention de rouler jusqu'à temps que mon corps le permette.
Volet mécanique, est-ce que l’entretien est encombrant ?
Évidemment, quand tu fais de la course avec une moto vintage, l’entretien est plus présent et plus fréquent. Mais, c’est pas pour rien, pas pour vendre une compagnie plus qu’une autre, je cours sur des Honda : il y a une raison. Les pièces sont plus accessibles et étrangement je trouve encore des pièces accessibles originales Honda pour des motos qui ont 50-60 ans. C’est beaucoup plus fiable en général, et évidemment comme toute personne qui fait de la course, à un moment donné on veut un petit plus de performance. On se trouve des pistons, on se trouve des valves, des springs. Mais les hivers sont longs au Québec, et pendant que les Canadiens perdent à la télé, je travaille sur mon moteur.

Vue latérale de la '64 Super Hawk bleue et blanche de Chartrand, sa principale moto de course.
Quelles sont les particularités d'une moto vintage dont il faut être conscient lors d'une course ? Est-ce qu'elles influencent la façon dont vous vous penchez dans un virage ?
Je te dirai que ça freine beaucoup moins bien, mais ça t’apprend à rouler autrement parce que tu n’as pas beaucoup de puissance. Donc il faut que tu gardes ta vitesse en virage, parce que ça n’accélère pas trop. Écoute on se penche de la même manière. Je te dirai que je penche probablement beaucoup plus avec une moto de course vintage que je peux pencher sur la rue. Faire de la course de moto, que ça soit vintage ou pas, ce n'est pas comme faire de la moto de rue. C’est beaucoup plus intense et violent comme expérience. Donc, ma moto je la cours, je tourne, je baisse le genou même si c’est une moto vintage. J’ai quand même des pneus de course dessus, donc ça me permet de pencher autant qu’une moto moderne. C’est juste que le pilotage est différent, moins de reprise, moins de freinage, etc. Je suis complètement à la limite tout le temps.
Pas de plans, pas de destination | Oneland Magazine
Dans le coin opposé de la zone d'exposition, une grande structure noire abritait quelques-unes des Harley les plus variées et les plus personnalisées que nous ayons vues. Pendant toute la durée de l'événement, le « Hangar 17 » accueillait un groupe d'artistes, de spécialistes, d'écrivains et d'illustrateurs désireux de partager leur passion pour le renouveau du vintage, tout en portant un regard neuf sur ce qui a été et ce qui pourrait être.
Charles-Édouard Carrier, journaliste et cofondateur de Oneland, nous a expliqué que :
L’idée au départ c'était de créer un salon dans un salon. Donc, on voulait faire un événement moto qui arrête plus au niveau de la scène custom, les artisans et la nouvelle génération. Surtout, on voulait créer un pont entre le côté manufacturier puis le côté artisan et je pense que les deux en même temps au même endroit c’est la meilleure façon.
Le Hangar 17 a vu le jour, comme son nom l'indique, en 2017. Il occupe une place à part dans le Salon de la moto, car il met en lumière les personnes derrière les machines. Toutes ces motos exposées sont là en quelque sorte, regroupées dans un espace, mais l'esprit de cette expo dans une expo fait tout pour nous rappeler que c'est nous qui traçons le chemin. Sans l'âme d'une communauté, ce n'est qu'un étalage de pièces de métal immobiles, soigneusement assemblées.

Charles-Édouard Carrier (à gauche) et Catherine David (à droite), fondateurs de Oneland.
La création du magazine Oneland est née de la volonté de réunir différents motards par le biais d'un contenu en ligne et d'événements en personne. L'idée est qu'il y a 1 monde sous les 2 roues et qu'il faut l'explorer. Selon Carrier, « à la base, Oneland c'est le rassemblement autour de la moto, du voyage, puis cette culture qui existe depuis plus de 100 ans au Québec ».
Hangar 17 est évidemment rempli de motos custom, choppers classiques et tout ça. Avez-vous une relation personnelle avec les motos vintage en particulier ?
Quand j’ai commencé à faire de la moto, c'était beaucoup avec des gens plus âgés, puis on cherchait une façon de rassembler les jeunes autour de la moto il y a plusieurs années. C’est de ça en fait qui est né tout ce qu’on a fait après avec Oneland, avec le Hangar 17 et avec les shows à la télé. Mais moi j’ai commencé à faire de la moto à 30 ans, c’est pas quelque chose qui remonte de générations, j’ai découvert ça à 30 ans, mais avec des gars qui en faisaient depuis 30 ans. J’ai plongé dans ce monde-là par cette génération-là, puis après ça on a adapté tout ça à notre façon, puis on a créé ces liens là avec les plus vieux.
Je suis vraiment quelqu’un qui aime le côté méditatif et évasif dans le voyage. Pas du tout un gars de mécanique, j’aime ça les rencontres, partir à la découverte, pas de plans, pas de destination. Pour moi, c’est ça la meilleure façon de faire de la moto.
Pensez-vous qu'il y a un fort héritage de vieilles Harley et de scènes de motos custom ici au Québec ? Comment croyez-vous que le pont entre les vieilles et les nouvelles générations s'est fait ?
Je pense que le monde de la moto c’est un petit monde ; je pense que c’est un monde où il y a beaucoup d’ouverture, beaucoup d’entraide et beaucoup de camaraderie. Je pense que le fait d’avoir cette espèce d’esprit de communauté, qui est déjà là depuis toujours dans le monde de la moto, fait que la génération plus jeune a hérité de toute cette expérience là. Les gens aujourd’hui qui ont 60-70 ans, qui ont fait de la moto toute leur vie, sont hyper contents d'être ici au Hangar 17 pour pouvoir transmettre leur savoir, passer leur histoire en reconnaissance. Puis ce pont là je pense qu’il se fait naturellement parce que la moto ça rassemble, peu importe l'âge, le modèle, les langues. Quand tu voyages en moto, automatiquement il y a des liens qui se créent. C’est ce qui fait qu’aujourd’hui, on est tout le monde en même temps au même endroit dans cette vibe-là.
Vous avez voyagé dans tout le Canada. Certains trajets vous tiennent-ils à cœur ?
Pour moi, les 2 plus belles routes que j’ai faites à date c’est la Billy Diamond, la route de la Baie James qui commence à Matagami et qui monte jusqu'à Radisson. C’est une route de 100km et ça a été récemment complètement refaite, fait que l’asphalte est neuve, pas de trafic, sinueux ; tu traverses la toundra. C’est magnifique comme route et c’est peu connu. Sinon, l'île Victoria c’est incroyable parce que tu as la culture surf qui mixe avec la culture moto. Je trouve ça vraiment fascinant et c’est au Canada, c’est encore plus cool parce que c’est chez nous.
L'art de la fabrication personnalisée | Clockwork Cycle
Toujours dans la zone d'exposition du Hangar 17, nous avons rencontré Samuel Guertin, constructeur sur mesure et fondateur de Clockwork Cycle, basé à Montréal. L'atelier se spécialise dans les Harley anciennes et le moulage au sable de pièces personnalisées pour les premiers modèles jusqu'à l'EVO. À ce propos, la '48 Panhead (image principale de l'article) et la '79 Shovelhead (voir ci-dessous) de Guertin étaient toutes 2 exposées, suscitant de nombreux regards étonnés et servant d'amorce à la conversation pour les passants.
Guertin organise aussi une exposition de motos vintage nommée « Roll the Bones ». La 5e édition aura lieu en mai, à Montréal, et on peut s'attendre à voir plus de 50 motos classiques. Selon Guertin, cet événement a été lancé parce qu'au Québec, « il n’y avait pas grand-chose de similaire. On n’avait pas ce genre d'événement qui entourait un peu la nouvelle vague, la renaissance des vieux Harleys et des choppers. Ce sont ces types de motos-là qui me font tripper ».

Samuel Guertin entouré d'affiches et de cadres représentant les motos d'autrefois.
Selon vous, existe-t-il un marché important pour les motos vintage au Québec ?
C’est sûr que ça reste niche, ce n’est pas un énorme marché, ce n'est pas la Californie ici. Mais il y a quand même de plus en plus de relève puis de jeunes qui s’intéressent à ça puis qui cherchent ces vieux bikes-là, pour leur donner un peu une nouvelle vie. Il y a aussi la tradition chopper derrière ça ; ce qui m’intéresse ce sont toutes les histoires derrière. Oui c’est un style qui vient de la côte ouest, mais on a eu des trucs cool ici au Québec aussi dans les années 60-70, puis on s’inspire de ça puis on essaie de prendre la relève et de garder ça en vie. C’est une belle chose.
En tant que mécanicien, vous avez sûrement vu un peu de tout. Est-ce que les machines vintage sont difficiles à entretenir, réparer et modifier ?
C’est sûr que ce ne sont pas des motos modernes que tu tournes la clé, sans te poser trop de questions. Quand tu roules avec un vieux Harley, il faut que tu t’attendes à ce qu'un jour ou l’autre, c’est sûr qu’il va y arriver quelque chose, tu vas rester pris peut-être sur le bord de la route. Mais en même temps, ça vient un peu avec, fait que tu pars avec l’optique qu’il arrivera ce qui arrivera ; tu emmènes ton petit sac d’outils. Oui, ça va peut-être briser, mais ce sont aussi des motos qui sont faites beaucoup plus simples que les motos d’aujourd’hui.
Honnêtement, à chaque fois qu'il arrive quelque chose, tu peux pratiquement toujours t’en sortir avec des outils assez basiques. Dans le temps, ces motos ont été utilisées beaucoup pour la guerre. Ils envoyaient le gars avec sa moto et son sac d’outils puis il était capable de refaire un moteur dans le milieu du champ. C’est fait pour que le gars puisse le réparer lui-même, pour ne pas être obligé d’aller chez le dealer et brancher l’ordinateur dessus. C’est ça qui est cool avec ces motos-là, mais oui il faut que tu t’attendes à des petits pépins, ça va couler l’huile, mais ça fait partie de l’aventure.
Avec mon chum Éric on roulait en Gaspésie ensemble puis sa moto se comportait bizarrement, ça tremblait. On se grattait la tête en se demandant c'était quoi puis on s’est retrouvé en avant d’une cabane à sucre fermée, le bike sur des billots de bois, à enlever les 2 roues et essayer de voir s’il y avait quelque chose de desserré. Finalement, il n’y avait rien puis c'était un problème de windshield [rires]. Tu sais, on finit toujours par s’arranger puis ça fait tout le temps de belles histoires.

La '79 Shovelhead à cadre blanc de Guertin. C'est son moyen de transport quotidien qu'il modifie constamment. Cette version est peinte en mauve Cadillac des années 60, et l'idée était de la faire ressembler à une moto trouvée dans une grange, intacte depuis les années 70.
Avez-vous un projet particulier qui vous a marqué ?
Pour moi c’est celle qui est ici, une Harley Panhead 1948. C’est la première année du moteur Panhead justement, puis c’est un bike que j’ai fait complètement custom. Il y a plein de pièces dessus que j’ai coulé en faisant du sand casting avec l’aluminium. J’ai vraiment poussé mes limites pour refaire ce bike-là en le montant traditionnel chopper début années 60 avec la forme, en respectant ce qui était fait dans le temps, mais quand même avec ma twist personnelle à moi. C’est un projet dont je suis pas mal fier. Oui, ce sont des formes traditionnelles, mais si tu regardes, mettons le bout de l’aile, c’est une pièce que tu ne vois jamais. C’est une pièce que j’ai castée moi-même en aluminium, que j’ai carrément inventée. Ce sont des petits côtés comme ça, reste que ça aurait pu être un gars en 1962 qui l’ait fait parce que ça a le look, mais elle a été faite en 2022 à la main avec les moyens que j’ai.
Ce sont des trucs comme ça que je trouve cool. J’ai pas un gros shop avec des machines CNC, des printers 3D. Je travaille avec des vieux tours, des vieux outils, la petite forge que je me suis fait pour couler le métal : ce sont tous des trucs faits maison avec des petits moyens, mais les résultats que je suis capable de sortir de ça souvent le monde trouve ça assez impressionnant.
Harley rencontre Black Sabbath | Doomsday Machine
En plein centre du Hangar 17, impossible de manquer David Battistuzzi devant le logo de Doomsday Machine, ce dernier étant clairement inspiré de l'album « Master of Reality » de Black Sabbath. Devant le kiosque, plusieurs motos custom étaient garées sur du gazon synthétique à l'image d'un camping. Tout cela contribuait à créer une sorte d'ambiance décontractée, du genre « nous jasons à côté de nos motos, en écoutant nos morceaux préférés ».
C'est cet esprit qui est au cœur de l'événement moto « Rally in the Alley », lancé en 2014. « Il n'y avait pas de scène à proprement parler, alors j'ai commencé à organiser des événements et les gens se sont mis à se rencontrer. C'est devenu une sorte de réseau d'amis », affirme Battistuzzi. En ce qui concerne les types de motos, tout tourne autour des choppers moins chers des années 60 et 70. Le principe est qu'il n'est pas nécessaire d'avoir beaucoup d'argent pour faire de la moto et qu'il suffit de parler aux gens, de se faire des amis et de partager ses connaissances. Selon Battistuzzi,
« Chop what you got » est notre devise. Le Rally in the Alley est un événement à petite échelle qui s'est développé au fil des ans. Depuis, des événements plus importants ont vu le jour. Nous sommes là depuis le début, nous connaissons la plupart des gens qui organisent d'autres événements et nous y allons tous. Pour nous, c'est une question de communauté, et pour moi, ça l'a toujours été.

David Battistuzzi (au centre) au stand de Doomsday Machine.
Vos événements sont-ils axés sur la présentation du travail d'autres artisans ?
Oui et non, ce n'est pas seulement ça. Nous aimons soutenir les petits commerces locaux, parce qu'ils sont le cœur de la communauté à bien des égards. Mais il faut aussi encourager les gens. Il n'est pas nécessaire d'être un pro des magasins ou un pro de la construction pour faire ce genre de choses soi-même dans son garage, vous savez. En rencontrant d'autres personnes et en partageant vos compétences, vous pouvez le faire vous-mêmes. Commencez petit et allez plus loin ; ces motos radicales [pointe du doigt l'exposition] ont été construites dans les garages personnels des gens, qui ont appris par eux-mêmes. Un gars connaît un soudeur, qui connaît un électricien, qui connaît un peintre, etc. À la fin de la journée, vous avez une très belle moto, et c'est ainsi que les choses se passaient au début, dans les années 60.
J'ai fait mon apprentissage auprès d'un homme qui construisait des choppers dans les années 60. Au début, il n'y avait pas d'ateliers qui faisaient ça. Il fallait trouver des pièces ou trouver un gars qui pouvait vous construire quelque chose. Les gens se réunissaient et partageaient un garage pendant l'hiver. Au printemps, tout le monde avait de nouvelles motos, et c'est ça l'esprit de ce que nous faisons.
Avez-vous également votre propre atelier ?
Non, nous sommes juste une bande de gars qui ont un garage ensemble, mais il n'est pas ouvert au public. C'est un projet passionnel, et les gens peuvent venir nous poser des questions, nous sommes là pour partager. Tous les événements que nous affichons sont ouverts au public, et tout le monde est le bienvenu. Il n'est même pas nécessaire d'avoir une moto. Pour moi, le Rally in the Alley a pour but d'inciter les gens qui n'ont pas de moto à venir voir de quoi il s'agit. C'est juste du skate, de la musique et tout ça. La moitié des gens n'ont pas de moto et c'est cool, nous nous contentons de discuter et d'apprendre à connaître les gens.

Un moteur Shovelhead personnalisé à côté du stand de Doomsday Machine.
Nous avons parlé à Charles-Édouard de ce fossé entre les générations, les anciens artisans du Québec passant en quelque sorte le flambeau à la nouvelle génération. Comment pensez-vous que cette évolution s'est produite ?
Je pense que c'est arrivé comme n'importe quoi d'autre, comme une nouvelle vague de groupes qui arrive et les gens n'écoutent plus la musique de leurs parents. C'est comme ça, nous nous sommes retrouvés dans une scène différente, et nous aimons faire les choses un peu différemment. Mais le fossé commence à se combler, parce que nous commençons à apprécier ce que les plus vieux ont fait, et ils commencent à apprécier ce que nous faisons. Ce sont surtout les plus âgés qui ont eu ces motos quand elles étaient neuves qui viennent nous parler de ce qu'ils faisaient à l'époque. Nous essayons simplement de partager notre passion et d'apprendre de ces gars, et s'ils sont prêts à nous en parler, nous sommes là pour les écouter.
La renaissance moderne de machines classiques
Que vous soyez ou non un adepte du custom, il est impossible de nier l'importance et la vitalité de la scène vintage. Il ne s'agit pas d'un phénomène limité à notre Salon de la moto local, et sa popularité ne cesse de croître. Alors que certains passent à l'électrique, d'autres cherchent des moyens plus simples et plus accessibles de comprendre leur moto. Il ne s'agit pas d'une opposition entre hi-fi et lo-fi, mais plutôt de différentes façons de découvrir un sport que nous aimons tous.
Oui, les artisans et les petits ateliers ont encore leur mot à dire aujourd'hui, dans un marché dominé par les grands noms et les gros budgets. Et compte tenu du prix élevé qui accompagne généralement les véhicules neufs, les gens peuvent choisir d'investir dans leurs compétences. Posséder des connaissances et une expertise dans un domaine, c'est se libérer d'une certaine forme de dépendance. C'est aussi se rapprocher de l'histoire et de la culture de la moto d'une manière profonde et significative. La « renaissance analogique » dans le monde de la moto est aujourd'hui attrayante parce qu'elle offre un accès concret et direct à la machine. Tout est là, prêt à être démonté, et surtout compris.
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